Les planches que nous avons aujourd’hui sont la plupart fabriquées en polystyrène expansé. Cette matière n’offre pas suffisamment de résistance pour être surfer directement. C’est pourquoi ces planches sont stratifiées afin être rendues plus rigides et résistantes.
Pour stratifier une planche, on utilise principalement deux matériaux :
- De la résine
- Du tissu de fibre
La résine utilisée est souvent de la résine époxy ou polyester, le tissu est quant à lui de la fibre de verre. Ces produits ont un impact conséquent sur l’environnement et notre santé.
Grâce à différents procédés, nous allons voir qu’il existe d’autres solutions de stratification et que les planches en bois sont très propices à ces alternatives.
Les alternatives de stratification
La fibre de verre
Dans la composition de la planche, le tissu de fibre de verre joue le rôle de renfort sur toute la surface. Il est important de ne pas le remplacer par n’importe quel autre matériau. Ce matériau doit être léger, facilement applicable par le shaper et surtout aussi résistant.
Le lin : une alternative naturelle !
L’une des meilleures alternatives pour le tissu est la fibre de lin. Cette matière naturelle végétale dont la France détient 80% de la production mondiale est réputée pour être extrêmement résistante.
Cette plante pousse naturellement grâce à la chaleur du soleil et à l’eau de pluie. Elle est donc très peu gourmande en eau et ne requiert aucune irrigation, un avantage non négligeable. Les étapes de fabrication du tissu requièrent également peu d’énergie.
Fibre de lin 145 grammes
Fibre de lin 315 grammes
L’inconvénient de l’utilisation de la fibre de lin est son aspect. Entre le brun et le beige, elle ne permet pas de voir l’aspect de la planche si elle est en bois. Si la planche est recouverte de résine teintée, il est donc très intéressant d’utiliser de la fibre de lin.
Selon le maillage, il est possible d’avoir différents aspects. Plus le maillage est serré et donc résistant, plus le tissu sera foncé.
La résine
Pour le deuxième matériau participant à la stratification, la résine joue un rôle de liaison et d’étanchéité entre les fibres.
Grâce aux avancées et à la recherche en chimie verte, il existe des résines « biosourcées ». Les marques comme Sicomin ou Resoltech permettent d’obtenir des résines qui sont partiellement d’origine végétale, jusqu’à plus de 50% pour certaines. Elles sont constituées avec une plus haute teneur en carbone végétal, ce qui permet de réduire considérablement leur impact sur l’environnement.
Ces résines ne présentent pas plus d’inconvénient que les résines « traditionnelles » au niveau des propriétés, que ce soit en viscosité, résistance, densité ou encore en réactivité.
Une planche est-elle obligatoirement stratifiée ?
Pour savoir si une planche doit être stratifiée, il faut prendre en compte deux paramètres :
- La conception
Si la planche est évidée, c’est-à-dire fabriquée à partir plusieurs lames de bois, il faudra nécessairement la stratifier. Ce type de conception présente de nombreux collages ce qui fragilise la planche.
- L’essence de bois
La seule essence de bois pour laquelle il est essentiel de stratifier sa planche est le balsa. L’essence de bois la moins dense n’offre pas une résistance suffisante pour se passer d’une stratification avec un tissu et de la résine.
D’autres essences comme le paulownia et le red cedar ont une résistance suffisamment importante pour ne pas être stratifiées.
Pour plus d’informations sur la conception « évidée », vous pouvez consulter cet article.
Autres alternatives de stratification
Aujourd’hui, il existe des alternatives qui permettent d’éviter la stratification. Les planches en bois peuvent être uniquement vernies ou huilées. Cela va dépendre des deux facteurs précédents : la conception et l’essence.
Le rôle du vernis et de l’huile est très différent de celui de la stratification. Il permet de protéger la surface de la planche de l’eau salée mais ne joue pas le rôle de renfort pour la structure.
Dans sa conception, la planche devrait donc être suffisamment résistante et étanche pour ne pas avoir une couche supplémentaire sur le pont et la carène.
Aujourd’hui les planches qui sont le plus souvent vernis ou huilées sont celles qui sont conçues en « sandwich » avec un plaquage bois et offrent une résistante suffisante comme le paulownia. Les planches hollow le sont également si le bois est assez résistant et la conception suffisamment étanche.
Le vernis marin
Ce vernis est utilisé pour les ponts de bateaux, il est résistant aux UV, au sel marin, au différence de température et offre une résistance contre les petits enfoncements. Sa formulation à base de résine polyuréthane constitue un film souple qui résiste aux variations dimensionnelles.
Pour une pratique régulière, il est conseillé d’appliquer une couche de vernis une fois par/an.
L'huile de lin
Contrairement au vernis et à la résine, cette huile d’origine végétale ne protège pas des petits chocs à cause de ses propriétés non filmogène. Elle donne également un aspect légèrement jaune au bois clair.
Si vous surfez régulièrement (au moins 1-2/semaine), il est recommandé de passer 2-3 couches par an afin de conserver une bonne protection contre l’eau salée.
Pour ce type de planche, il est possible de les « glasser » uniquement. Cela consiste à appliquer une couche de résine époxy directement sur la planche, sans fibre de verre. Cette technique permet de renforcer la planche des plus gros chocs tout en gagnant en légèreté.
Grâce à des matériaux simples et naturels, à l’avancée de la recherche et aux évolutions des méthodes de fabrication dans l’industrie du surf, il est possible d’utiliser des matériaux plus « propres » tant pour l’homme que pour la nature, tout cela en conservant des performances identiques voire meilleures.